Jeudi 8 juin 4 08 /06 /Juin 23:50

Hello, ami Gay ou triste

 

Je ne sais pas ce qui se passe. Aujourd'hui, ce n'est pas la joie. Mon Petit Coeur me manque. J'ai essayé de le contacter sur son portable, sans succès. Loin des yeux, loin du coeur ? En tout cas, il est au plus profond du mien.

J'ai le vague à l'âme et cette histoire que je viens de découvrir n'a, elle non plus, rien de réjouissant. Pourtant, elle mérite une large diffusion. Tous les homophobes, tous ceux qui manifestent pour défendre les 'valeurs de la famille traditionnelle' feraient bien de la lire et de la méditer. Et si cela leur arrivait ?

 

 

J'ai tué mon gosse

 

Je pourrais dire que je ne suis pas fier de moi, que j'ai honte, que je ne suis pas bien dans ma peau…
Je ne vois qu'une chose à dire ! J'ai mal, affreusement mal ! Je pleure chaque jour depuis l'été dernier, je pleure encore à cet instant et je continuerais tant que mon corps pourra m'aider à pleurer.
J'ai détruit ce que j'avais de plus précieux, j'ai anéanti ma famille… J'ai ôté la vie de mon fils à cause de ma connerie, et si je n'avais encore quelque espoir de retrouver la paix, je serais prêt à aller le rejoindre. Ce n'est pas encore exclu…
Je m'appelle Eddy. J'avais le bonheur d'avoir une petite famille merveilleuse. Une femme adorable (qui me hait aujourd'hui !), deux filles délicieuses et un petit mec… Le fils parfait… Mon garçon faisait beaucoup de sport, trop peut-être. À 16 ans, il avait tout ce qu'il fallait pour tomber toutes les filles du quartier. Je me voyais déjà batailler pour calmer les notes de téléphone, les scooters devant la maison.
J'ai été con, aveugle, le dernier des imbéciles.
Oui, j'ai vu des engins ! Oui, j'ai gueulé parce qu'ils faisaient un peu de bruit en rentrant.
Je ne voyais que les copains de mon gamin qui pétaradaient discrètement. Je n'avais pas remarqué qu'ils faisaient tout, au contraire, pour être discrets, pour ne pas réveiller la maisonnée.
Je n'avais pas vu, pas fait attention à ce moment, que mon petit bonhomme et celui qui le raccompagnait faisaient tout pour faire le moins de bruit possible.
J'étais enfermé dans ma bulle de gros blaireau borné et je ne me suis pas intéressé à sa vie.
J'ai attendu, comme le père standard, qu'il me parle de ses copines, qu'il m'émoustille de ses petites histoires.
Mais rien !
Mon gamin a eu 17 ans, puis 18, mais jamais de confidences, jamais de complicité avec son père qui l'adorait.
Jamais, il ne m'a fait partager les instants privilégiés de sa vie. Mais c'est ma faute ! Je ne lui ai jamais demandé. Je n'ai jamais posé la moindre question sauf balancer de temps à autre une allusion que je découvre maintenant comme complètement stupide.
Pour son bac, en juin, je voulais lui payer son permis. Il n'a pas voulu. Il m'a simplement dit qu'il se le paierait avec son job d'été.
Puis un soir de juillet, il faisait terriblement chaud. Il était près de 2 heures du matin, je m'en souviens. J'étais dehors à fumer ma clope. Ma femme nous a toujours interdit à mon gamin et à moi de fumer dans la maison. Je sais que mes filles fument, mais c'est en cachette !
Je venais d'écraser mon mégot, je profitais d'un dernier moment de la douceur du soir. Les scooters sont arrivés.
J'étais dans le noir mais je ne cherchais pas à espionner. Mon gosse a garé son scooter devant la porte de la remise. Celui qui le suivait a éteint le sien aussitôt. Je me préparais à aller les trouver, leur proposer une bière, une cigarette…
Mais j'ai vu !
J'ai vu ce que je n'aurais jamais du voir ! Pas comme ça !
Pourquoi je n'ai pas fait de bruit ! Pourquoi je ne me suis pas manifesté pour indiquer ma présence !!!
Non ! J'ai fermé ma gueule, je suis resté dans l'ombre et j'ai vu !
Mon bébé, mon petit garçon était en train de se bécoter avec un mec.
Mon fils embrassait un garçon presque sous les fenêtres de ses soeurs !!!
Et moi, gros connard, je me suis levé de mon siège, j'ai poussé ma gueulante et j'ai viré l'autre.
J'ai hurlé sur mon gamin, sans même m'apercevoir qu'il pleurait. Le cendrier est passé à quelques centimètres de sa tête.
Pour gueuler, oh oui, j'ai gueulé. Je n'ose même pas répéter les mots que j'ai utilisés. Pédé, tantouse, tapette, tout mon vocabulaire y est passé. Je n'en avais rien à foutre des voisins. J'ai braillé comme un âne. Et, pendant tout le temps que je criais sur lui, mon gosse pleurait.
Il a simplement dit « papa, laisse moi t'expliquer… ».
« Y a rien à expliquer, j'ai compris », c'est tout ce que j'ai eu à lui répondre.
J'avais rien compris !
Je n'ai pas vu que mon gosse était différent de moi, différent de ma conception de la famille.
Je n'ai pas voulu en reparler le lendemain. Pour moi, ma famille devrait se contenter de deux filles, point barre.
Je me suis dit qu'il allait changer. Mais que pour l'heure, je n'avais plus de fils en attendant qu'il revienne dans le droit chemin. Pourtant, je n'y croyais pas, et je lui ai dit. Je lui ai tout simplement dit que je ne voulais pas d'un fils pédé (c'est le mot que j'ai utilisé) et qu'après l'été, il allait bosser et se prendre un appart en ville.
Là encore je n'ai pas vu qu'il pleurait.
Si ! J'ai vu ! Mais je n'ai pas voulu voir !
Il a pris son scooter et il est parti.
Maxime n'est pas revenu.
La gendarmerie a téléphoné. On devait venir à l'hôpital.
Il avait voulu faire l'avion avec son scooter du haut du pont.
Le gendarme m'a simplement dit qu'il avait pris le soin de poser son casque sur la chaussée avant de prendre son élan.
Je suis le dernier des salauds.
J'essaie de tenir depuis cet été, mais c'est dur.
J'ai mal, très mal. Là encore, en confiant mon chagrin sur cet écran, j'ai à nouveau l'envie de me foutre en l'air.
J'ai la chance d'avoir deux filles qui m'aident. Ma femme me hait depuis cette horrible journée. Je la comprends, je me hais moi-même.
Comment puis-je demander pardon à mon gamin ?
Je l'ai tué, il n'y a rien de plus à dire. Sauf de le rejoindre, je ne sais comment me racheter.
Et encore. S'il y a une vie après, je doute qu'il puisse me pardonner.
Maxime aimait les garçons, oui ! Mais, il aimait, et c'est tout.
Pardon mille fois mon garçon. Mon coeur est en miettes mais rien ne peut réparer mon imbécillité.
A tous ces garçons qui se tournent vers d'autres garçons, je ne voudrais dire qu'une chose : ne laissez pas votre père en dehors de votre vie. Parlez dès que vous vous en sentez la force ! Et, dernier point : regardez-le en face, toujours !
Que ne voudrais-je maintenant pouvoir parler aux pères qui vont commettre l'irréparable !

A tous, homo ou pas, j'envoie de gros bisous et une

petite vidéo

A la prochaine

Par Pip Moustache - Publié dans : Amical
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