Pour être plus forte, l'homophobie, en Russie, ne craint pas de former d'étranges alliances : dimanche 30 avril, vers 21 h 30, à Moscou, des babouchkas - grands-mères russes - portant des icônes se sont rassemblées aux côtés de manifestants d'extrême droite. Et ce qui devait être une grande fête pour les gays et les lesbiennes dans une boîte de nuit du sud de Moscou s'est terminé aux cris de "La Russie sans les pédés !", "Dehors le zoo !", sous des jets de bouteilles, d'oeufs pourris et de trognons de pomme. Plus d'une centaine de personnes ont ainsi été assiégées pendant près de cinq heures par ces manifestants venus dénoncer le "péché", tandis que les forces de l'ordre semblaient avoir choisi leur parti en n'intervenant pas aussitôt.

D'ici au 27 mai, date qui marque l'anniversaire de la fin de la criminalisation de l'homosexualité en Russie (1993), d'autres altercations de ce genre pourraient se produire. Car même si l'homosexualité n'est plus classée comme une maladie mentale par les psychiatres russes depuis 1999, les tensions existent toujours sur ce sujet. Le maire de Moscou, Iouri Loujkov, soutenu par le patriarche orthodoxe, Alexis II, a déjà fait savoir qu'il s'opposait à la tenue d'un défilé d'homosexuels dans les rues de Moscou pour éviter "un outrage à la société, et en particulier aux leaders religieux". Les organisations de défense des droits de l'homme ont réagi en dénonçant une violation des droits civils. En novembre 2005, c'est le concert d'un chanteur homosexuel, Boris Moisseiev, qui avait été annulé à la demande des orthodoxes, à Tioumen, en Sibérie. Ceux-ci avaient accusé l'artiste de "propagande des vices".